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Paul Camenisch

1893 - 1970
Visions hallucinatoires, couleurs acides et surréelles, touche vive et expressive : la peinture de Paul Camenisch remue, dérange, obsède. L’artiste lui-même fait figure d’exception dans le paysage artistique suisse, tant son audace est singulière et son œuvre multiple et complexe.

Après des études d’architecture, à l’ETH Zurich avec Karl Moser, puis des mandats en Allemagne et dans plusieurs bureaux d’architectes à Bâle, il réalise ses premières aquarelles entre 1921 et 1924, en s’inspirant de constructions imaginaires. À la même période, il séjourne au Monte Verità à Ascona, un lieu qui réunit depuis le début du siècle une communauté de penseurs et d’artistes autour de l’expérimentation de nouveaux modes de vie, plus proches de la nature.

Installé quelque temps à la Villa Loverciana à Castel San Pietro, il fonde fin 1924 à Bâle, avec Albert Müller et Hermann Scherer, le groupe Rot-Blau, dont les préoccupations et expérimentations artistiques marquent durablement l’histoire de l’expressionnisme suisse. Son art distille alors l’influence d’Ernst Ludwig Kirchner, auprès duquel il effectue un séjour de trois mois à Davos en 1926. À la mort de ses deux complices, Camenisch refonde en 1928 le groupe Rot-Blau avec Hans Stocker, Coghuf (Ernst Stocker), Otto Staiger, Charles Hindenlang et Max Sulzbachner. En 1933, c’est le Gruppe 33, une association d’artistes antifascistes, qui voit le jour. Camenisch se tourne peu à peu vers des scènes plus lyriques, d’un réalisme immédiat, tout en conservant les couleurs et la vivacité de ses débuts. Son art reste pourtant suffisamment provocant et subversif pour figurer dans la sinistrement fameuse exposition nazie de 1937, Entartete Kunst, au Haus der Kunst à Munich.

Si sa peinture devient ensuite plus contenue, servie par un coloris crayeux et sec, elle se trouve alors fortement empreinte de préoccupations sociales. Politiquement engagé, Camenisch devient président de la société Suisse-Union soviétique en 1952 et voyage en URSS l’année suivante, ce qui le conduit à être évincé du Gruppe 33. Dès lors, ses positions radicales l’isolent, tant artistiquement que personnellement, et ce n’est que dans les années 1970 qu’il sera réhabilité en tant qu’artiste distancié de toute idéologie politique. La rétrospective qui lui est consacrée à la Kunsthalle de Bâle (1970), puis les expositions au Bünder Kunstmuseum à Chur et au Kunstmuseum à Olten (1985), permettent enfin de mettre en lumière son œuvre et de le célébrer, à juste titre, comme l’une des figures majeures de l’expressionnisme suisse.