En 1963, Balthasar Burkhard obtient la Bourse des arts appliqués de la Confédération pour un reportage photographique effectué sur les Alpes. Trente ans plus tard, il y revient avec cette photographie de grand format intitulée Alpen (Les Alpes).

S’inscrivant dans la longue tradition de la représentation d’une nature sublime, il propose ici une version contemporaine du sujet qui acquiert une atemporalité par sa nature même et par le choix de son traitement en noir et blanc. Cette subtile utilisation du noir et blanc confère une dimension physique, quasi sculpturale, à ses prises de vue. La montagne, sculptée naturellement, se prête parfaitement à cette intention.

Plus que la représentation réelle du paysage, c’est sa puissance d’évocation qui compte pour son auteur. «Je ne photographie pas des paysages, mais un sujet qui est là et qui éveille quelque chose en moi, des émotions, un sentiment, et peu importe qu’il s’agisse d’une ville ou d’un paysage. » Burkhard imagine toujours sa photographie avant de trouver l’angle de vue qui l’intéresse : « On ne crée pas une photo au moment de la prise de vue, mais avant, dans sa tête », assure-t-il. C’est justement parce qu’il a une idée précise de sa photographie qu’il trouve nécessaire de travailler lui-même dans la chambre noire. Car sa pratique contemporaine se fonde toujours sur l’enseignement traditionnel de la photographie argentique. Preuves en sont les gros grains qui attirent le regard quand on s’approche du tirage. Les mêmes qui définissent magnifiquement la densité des ombres.