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Nicolas Faure

CERN, 1997
C-print, diptyque
160.0 x 125.0 cm chacun
En pointant son appareil photo sur l’articulation routière de la Suisse, Nicolas Faure propose une photographie en rupture avec les représentations d’une Helvétie idyllique, romantique et nostalgique. Faure révèle ce qui est là, sans artifice, dans une volonté de documenter le monde environnant. Pour autant, ses images ne reflètent pas l’approche objective de la photographie allemande, telle qu’elle se développe de Bernd et Hilla Becher à Thomas Ruff : «En montrant des lieux en apparence banals, je pense en fait célébrer la vie. La vie se manifeste dans le courant. Traquer le sublime irait à l'encontre de cette démarche. […] L'extraordinaire sort par définition de cette normalité qui m'intéresse et qui me permet de réfléchir sur l'homme. »

Les constructions autoroutières servent parfois de premier plan aux grandioses paysages alpestres qu'elles traversent, et, en d’autres images, elles se devinent au loin, tandis que le détail de silhouettes herbeuses se découpe sur une mare lunaire, dans un jeu de motifs presque abstraits. En réunissant différentes temporalités dans une même image – la modernité du réseau routier face à la permanence des couches géologiques des montagnes, le béton d’une ligne d’autoroute aérienne face au pittoresque du paysage helvète ou encore l’enchevêtrement minéralogique de câbles informatiques (Cern) –, Faure propose une certaine image du progrès.

Selon le photographe : «Les deux sujets qui me parlent le plus, depuis mon retour des États-Unis en 1982, sont la modernité et l'identité. De quelle époque les choses nous parlent-elles ? Quel héritage nous proposent-elles pour demain ? Ces aménagements routiers, pleins de marais artificiels et de rideaux d'arbres, choisis un à un, illustrent parfaitement notre culture d'ingénieurs et notre culte du « propre en ordre ». » Les images de Nicolas Faure permettent de percevoir que le naturel est peut-être plus artificiel qu’il n’y paraît et que la modernité bétonnée peut s’allier avec pertinence aux vues d’une Suisse vernaculaire.
Nicolas Faure, CERN, 2018