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Félix Vallotton

Famille d'arbres, 1922
huile sur toile
100.0 x 73.0 cm
Félix Vallotton transforme ici un bouquet d’arbres ordinaires, croqué d’après nature dans les environs de Honfleur, en une composition savamment structurée. À la diagonale dessinée par le pré piqueté de taches colorées du premier plan répond l’oblique tracée dans les airs par les feuillages denses qui surplombent la plaine. La même résonance formelle apparaît entre les fines cordes de la barrière qui semblent vibrer sur un fond d’herbe tendre et l’ondulation des troncs d’arbres verticaux dont la silhouette se découpe sur un ciel clair.

Ce type de « paysage composé » est caractéristique de Vallotton dès le début du XXe siècle. L’artiste cherche à se défaire de tout respect trop littéral envers la nature. Créé à partir de notes et d’esquisses, puis réalisé en atelier, ce paysage se divise en zones superposées et bien délimitées. Vallotton élimine les détails au profit de masses colorées définissant la végétation en grandes zones compactes, valorisant les contrastes prononcés. L’impression d’une nature irréelle est renforcée par l’usage de teintes fortes : un vert presque jaune pour l’herbe, puis des bandeaux de verts vifs, parfois sombres, et un dégradé de tons gris-rose avec des rappels bleu lavande pour le fond, comme l’esquisse lointaine d’un crépuscule.

Les formes nettement circonscrites et coloriées en aplats, associées à l’interprétation décorative du premier plan, montrent à quel point les survivances de l’esthétique nabie sont présentes dans l’œuvre de maturité de Vallotton. D’autre part, les motifs récurrents de l’estampe japonaise réapparaissent ici à travers les troncs élancés et graciles, les sinuosités du contour des feuillages et le motif de la grille, visible dans le rideau d’arbres et la clôture, ce qui atteste également la pérennité du japonisme dans l’œuvre tardive de Vallotton. La combinaison d’arabesques ornementales et de zones peintes en aplats rend la nature décrite par l’artiste à la fois vivace, ondoyante et complètement statique.
Félix Vallotton, Famille d'arbres, 1922