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Félix Vallotton

Femme acrobate, 1910
huile sur toile
65.0 x 81.0 cm
Félix Vallotton réalise plus de cinq cents peintures consacrées à la femme durant sa carrière. Celle-ci est portraiturée seule, nue ou insérée dans des compositions élargies. Depuis le début du XXe siècle, il délaisse les intérieurs, les scènes de genre, tout comme la gravure en noir et blanc qui lui avait assuré une notoriété considérable, pour se consacrer à la figure féminine. Dès 1907, c’est plus particulièrement le nu féminin qui capte toute son attention.

Certainement inspiré de la mode des spectacles de cirque avec danse et acrobatie, en vogue au tournant du siècle, Vallotton présente ici une contorsionniste dans un mouvement arrière en arc de cercle. Dans son Livre de raison, il décrit ainsi ce tableau : « Femme acrobate, maillot mauve, se renversant pour saisir une rose avec les dents. Effet de cirque soir. »

La toile est organisée autour de quelques lignes de force. Une bande jaune sépare le tableau en deux plans : à l’arrière-fond, une foule abstraite est suggérée par des points rosés tandis qu’au premier plan une scène carrée est disposée avec autorité. Contrairement aux œuvres traitant du même thème, l’artiste focalise cette fois son attention sur l’acrobate et non sur une action qui a lieu en marge de la représentation, dans le public. La figure est mise en évidence par un effet de lumière zénithale qui forme un halo et crée un éclat tombant sur l’abdomen de l’acrobate. Des couleurs vives, une touche compacte, des traits marqués construisent une composition théâtrale qui présente le moment arrêté d’un spectacle.

Par cet instant suspendu, cette narration figée, la Femme acrobate offre une mise en scène inhabituelle, imposante et sans détour. Sa physionomie robuste, son corps malmené par une position incongrue, sa poitrine tendue qui s’échappe du corset, tout indique que la femme portraiturée par Vallotton est observée comme une curiosité, et non comme la source d’un désir ou l’objet d’une séduction. Vallotton ne cherche pas à idéaliser la femme ni à exalter sa beauté. Il pose plutôt un regard intrigué sur un sujet d’étude.
Félix Vallotton, Femme acrobate, 1910