Quand, en 1892, Cuno Amiet arrive à Pont-Aven en Bretagne, il a vingt-quatre ans. À ses yeux, ce séjour d’un an restera primordial en termes de rencontres amicales et professionnelles. Entre 1892 et 1893, il peint et dessine de nombreux portraits de Bretonnes, reconnaissables à leur coiffe traditionnelle.

La Couseuse présente trois esquisses d’une couturière concentrée à sa tâche et Bretonne montre une femme vue en pied et de profil. La ligne souple et sûre d’Amiet n’est pas sans rappeler celle d’Honoré Daumier – dont le jeune Suisse découvre les lithographies avec admiration à Pont-Aven – et celle de Paul Gauguin : une ligne qui cerne la couleur déposée en aplats et souligne les contours des formes dans un style synthétiste proposant une vision simplifiée et reconstruite de la réalité.

Pratique incontournable pour Cuno Amiet, le dessin constitue la base de toutes ses compositions depuis son arrivée en Bretagne : « Autrefois, quand je voyais quelque chose qui me frappait, je m’asseyais aussitôt et commençais à peindre ; et, quand j’avais terminé, j’étais étonné de ne pas retrouver l’impression que la nature m’avait inspirée. […] Désormais, je travaille tout différemment. Quand je commence un tableau, je me demande d’abord quelle rencontre de lignes, quelle juxtaposition de tons m’ont inspiré telle ou telle impression. Tout cela est très difficile à déterminer », explique-t-il dans une lettre à son père en 1892.