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Gustave Buchet

La Lecture, s.d.
aquarelle sur papier
47.0 x 30.7 cm
Ces deux aquarelles, réalisées probablement dans la deuxième moitié de la production de Gustave Buchet, reprennent des caractéristiques stylistiques que le peintre a développées très tôt : une fragmentation de la forme et une subordination de la couleur par rapport à la ligne. Mais loin de l’esthétique épurée de ses débuts, concentrée sur les objets et dégagée de toute anecdote, il peint ici deux scènes pittoresques en quelques traits.

Bien qu’ayant traversé les courants les plus radicaux de la modernité picturale, il ne se résoudra jamais à bannir de son art la sensibilité. Il décrit ainsi sa peinture : « une surface animée par ma joie et par mon émotion». Par ailleurs, dans les années 1930, Buchet réintroduit le modelé et l’académisme dans ses compositions tout en soignant l’ambiance qui se dégage de ses œuvres : « 1930 : […] J’ai l’impression d’être dans un cul-de-sac, tout en restant obsédé par le désir d’exprimer, et quelque chose de plus humain. Retour prudent à la notion d’atmosphère, présence de plans intermédiaires. » La figure humaine permet d’introduire ces notions d’ambiance et d’émotion.

Dans La Lecture, une femme nue lit, assise en travers d’un fauteuil. Dans la seconde scène, une autre femme dénudée se lève et semble s’échapper de la composition. Pour les deux situations, l’artiste joue avec le contraste formel des courbes du corps qui se détachent sur un fond construit de lignes géométriques. Paul-André Jaccard éclaire ce choix de l’artiste : « Son originalité résidera dans cette interaction dynamique entre l’ordre et l’émotion, la construction sévère en plans rectilignes et le chant de formes arrondies – évocation de la femme ou simple élément plastique –, entre l’intellectuel et le sensuel, étrange équilibre qui, dans le caractère de Buchet, permettait à l’homme d’être à la fois mystique et bon vivant, à la fois raisonnable et passionné. »

Dans la construction des deux aquarelles, un déséquilibre spatial est induit par la présence de nombreuses obliques, soulignées de noir. Ce basculement du sol et la dynamique qui en résulte rappellent l’attachement de Buchet pour la retranscription du mouvement. La gamme chromatique réduite et la technique employée permettent également d’animer ces compositions par des traits légers et rapides.
Gustave Buchet, La Lecture, s.d.