Sur une proposition inédite de John M Armleder venu travailler en 2006 à la banque Pictet, le hall du premier étage présente deux installations réparties sur trois murs. La première, située derrière le comptoir d’accueil, est constituée de quatre fois dix-huit dômes. La seconde est composée de deux séries de douze miroirs hémisphériques alignés en vis-à-vis sur les murs latéraux.

Ordonnés en lignes régulières, ces hémisphères s’organisent comme des pois sur un papier peint. En effet, la disposition linéaire des objets tend à annihiler leur volume et leur confère la valeur d’un motif décoratif. La forme de ces dômes rappelle combien les ronds, les cercles et les sphères ponctuent le travail d’Armleder, « à tel point » que l’artiste a décidé de ne plus en mettre à la suite du «M » de son second prénom.

Cette idée du papier peint évoque également le principe d’équivalence cher à l’artiste pour lequel il n’existe pas de hiérarchie entre les arts. Il questionne constamment le statut de l’œuvre d’art face à la décoration et, de manière consciente, détourne ici un objet fonctionnel (un miroir de surveillance) pour dresser un ensemble décoratif.

Non sans humour, Armleder maintient dans le titre le nom commercial de ces miroirs : Liberty Dome, relevant ainsi la frontière ténue qui existe entre les notions de « liberté » et de « sécurité ». En multipliant ces dômes dans leur juxtaposition, il parvient à neutraliser leur aspect sécuritaire et, dans un geste libérateur, les amène à jouer un rôle nouveau. Ainsi, sous des airs clinquants, ce hall d’entrée s’émancipe d’une apparence sécurisée pour tendre à une ambiance plus festive.