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John M Armleder

Testudo Hermanni Boettgeri, 2006
technique mixte sur toile
240.0 x 170.0 cm
La répartition des formes sur ces deux toiles évoque l’image d’un feu d’artifice. Des éclats de matières sont éparpillés dans différentes directions et des débris de verre ont été pris au piège dans de la masse picturale. Cette explosion visuelle se pare de paillettes argentées, de rehauts framboise, de couleurs nacrées ou brillantes : « une image très belle, totalement stellaire », pour reprendre les termes de son auteur pour lequel il n’existe pas « de question de bon ou de mauvais goût ».

Travaillées à l’horizontale, ces toiles constituent des surfaces d’action entre les différents composants qui y sont déversés. Peintures, vernis, verre pilé, perles ou paillettes réagissent chimiquement entre eux, s’entrechoquent ou se mélangent selon le hasard relatif de leurs rencontres. Accusant le poids des matières, une flaque informe se dessine sur le tableau reposant au sol et se fige pendant le temps du séchage, d’où l’appellation de « peintures à flaque » : « Les inondations sont des peintures qui ressemblent à des flaques. Elles sont peintes comme par accident, un accident non contrôlé. La peinture, considérée comme une peau, sèche très rapidement dessus et dessous; elle fait une sorte de bulle et va suivre son propre cours en toute indépendance. Le trop de matériel m'intéresse. »

Deux semaines minimum après la performance, l’artiste soulève la toile et, comme souvent, un surplus important de liquide s’écoule vers le bas. « […] il n’y a pas de différence entre un dripping ou une composition géométrique… sinon que les drippings au vernis prennent un temps fou à sécher», relève John M Armleder, qui ne croit pas à la notion de style comme une fin en soi et qui refuse d’établir une hiérarchie entre les arts, préférant « jouer l’ensemblier décorateur ».

Si l’artiste engage clairement ses intentions par le choix des matériaux et par leur répartition sur la toile, le hasard joue un rôle considérable pendant la réalisation de la toile et bien au-delà de sa création, puisque les réactions chimiques ne cessent d’évoluer. « S’il n’y a pas d’accident, il n’y a pas d’œuvre. Mais il y a toujours un accident, tout commence par un accident. Le moins stérile est de produire ensuite une chaîne d’accidents. »
John M Armleder, Testudo Hermanni Boettgeri, 2006