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Ugo Rondinone

vierundzwanzigsteraugustzweitausendundeins, 2001
acrylique sur toile
diamètre 220.0 cm
Dans le corpus des œuvres d’Ugo Rondinone, il est possible d’établir une certaine typologie des travaux. Il existe en effet le motif de la porte, celui du clown ou du masque, celui de la fenêtre, les immenses dessins de paysages en noir et blanc ou encore les peintures de constellations.

De tous ces travaux, les plus hypnotiques sont très certainement ceux des peintures circulaires ou peintures de cibles. Sur une toile monumentale en forme de tondo, Rondinone utilise un spray aérosol qui projette de la peinture acrylique pour former des cercles concentriques de couleurs vives et variées. Le résultat visuel se fait cinétique, fascinant, magnétique. Le motif vibre et capte le regard pour l’aspirer dans un gouffre de sensations optiques, physiques et mentales. Telles les images psychédéliques des années 1960 ou les diagrammes de mandalas, l’œuvre transcende son état matériel pour se faire support de méditation ou d’évasion spirituelle.

Ce travail sériel – Rondinone répète ce même sujet maintes et maintes fois, mais en en modifiant toujours les combinaisons de couleurs – évoque aussi la poursuite du temps qui passe, comme le fait On Kawara avec les Date Paintings en réitérant quotidiennement les mêmes gestes pour peindre la date du jour, en suivant des règles de composition similaires pour chaque peinture.

L'obsession du temps se traduit de différentes manières dans l’œuvre de Rondinone et notamment par le biais du titre, qui correspond ici, comme pour les Date Paintings, à la date de création du tableau. Avec les cibles, Rondinone établit une référence explicite à l’histoire de l’art. Il inscrit son travail dans la noble généalogie des artistes ayant traité picturalement ce thème, tels Jasper Johns ou Kenneth Noland.

Cette référence se dénote également dans le traitement coloré de la surface, avec le jeu de diffusion et de vibration d’une couleur dans une autre à la manière des artistes du Colorfield Painting, dont faisait partie Noland. Cependant, la nature irradiante de la touche picturale, l’aspect évanescent des couleurs, le traitement distancié du sujet révèlent une apparition éthérée du motif, bien éloignée de l’influence matiériste d’une part – Johns – et géométrique de l’autre – Noland.

En créant des effets visuels captivants, Ugo Rondinone confère à la cible – ce dessin en cercles concentriques d’une grande simplicité formelle – une présence qui s’échappe vers l’immatériel.
Ugo Rondinone, vierundzwanzigsteraugustzweitausendundeins, vingtquatreaoûtdeuxmilleun, 2001