Accordant un soin particulier à l’agencement de ses compositions, Helmut Federle conserve invariablement dans ses travaux une structure spatiale fondée sur le rapport entre l’horizontale et la verticale. Privilégiant les grands espaces vides, il y intègre pourtant quelques formes géométriques (carrés, rectangles) qu’il dispose aux bords de la toile dans une volonté d’étendre sa composition – et par extension sa quête spirituelle – hors des limites spatiales imposées par le champ pictural. Les formes simples dialoguent entre elles dans un jeu de valeurs plus ou moins contrasté.

La palette restreinte est essentiellement constituée d’un jaune terni et d’un gris délavé aux tonalités sourdes, posés en aplats cernés de contours nets. Elle accentue la sobriété de son œuvre, discrètement contrebalancée par les légères modulations de la touche, la visibilité du geste et l’aspect tactile, presque rugueux, de la surface qui acquiert ainsi à la fois une présence plastique et paradoxalement une immatérialité quasi mystique.

Malgré la rigueur formelle et la réduction chromatique qui caractérisent le langage abstrait et exigeant de Federle, ses toiles sont investies d’une énergie silencieuse chargée d’une évocation spirituelle qui semble constamment osciller entre la tentation du pessimisme, la mélancolie nostalgique et la recherche de l’idéal et du sublime. Si les fondements de son art sont liés aux expérimentations géométriques de la peinture du XX^e siècle, en particulier de l’abstraction américaine des années 1950, l’artiste avoue – malgré les apparences – être davantage guidé par des préoccupations d’ordre spirituel et émotionnel que formel ou mathématique, inscrivant ainsi sa quête perpétuelle dans la plus pure tradition romantique.