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Hans Emmenegger

1866 - 1940
Estimé par un petit cercle de spécialistes mais resté méconnu pour le grand public jusqu’aujourd’hui, Hans Emmenegger propose, au début du XXe siècle, des compositions stylisées autour de sujets inédits pour l’époque.

Après un passage à la Kunstgewerbeschule de Lucerne, des études parisiennes à l’Académie Julian, il complète sa formation, en Allemagne, auprès de la Münchner Akademie.

Emmenegger s’adonne à une peinture de plein air. À la fin du XIXe siècle, un langage proche de celui d’Arnold Böcklin transparaît dans ses paysages encore imprégnés de romantisme. Peu à peu, cependant, un goût pour l’aspect ornemental de l’Art nouveau ainsi que des références à l’œuvre de Ferdinand Hodler se manifestent dans ses compositions.

Dépouillées et de petits formats, les peintures du début du XXe siècle proposent des cadrages serrés sur des motifs parfois insolites – l’ombre d’un arbre, un merle, une pomme ou une courge – dont les formes nettement délimitées se détachent du fond. L’attention qu’Hans Emmenegger porte au jeu des contrastes clair-obscur se traduit par un éclairage appuyé qui produit ombres projetées et reflets dans l’eau.

Le choix d’angles de vue inédits donne à ses compositions une dimension aussi statique que surnaturelle. L’atmosphère d’étrangeté qui surgit de ces représentations est encore accentuée par un chromatisme dissonant appliqué presque sans dégradés. Loin de l’utilisation que font ses amis Cuno Amiet et Giovanni Giacometti de la couleur, qui chez eux traduit une ambiance lumineuse, Emmenegger théâtralise librement ses compositions et choisit ses couleurs en fonction des contrastes qu’il veut obtenir.

Vers 1914-1915 sa peinture prend une nouvelle direction et l’artiste détruit de nombreuses œuvres antérieures. Influencé désormais par la chronophotographie, il accorde une attention particulière à la représentation du mouvement et de l’instant.

Collectionneur passionné, philatéliste et acteur de la politique culturelle, il demeure peu connu de son vivant hormis auprès de quelques admirateurs et notamment de René Magritte, qui ont su percevoir la dimension moderne de son travail.