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Sophie Taeuber-Arp

1889 - 1943
Orpheline de père à seulement deux ans, Sophie Taeuber se forme à l’École des arts et métiers de Saint-Gall et à la Debschitz-Schule, école d’arts appliqués à Munich, puis s’installe à Zurich en 1914. Elle y rencontre Jean Arp l’année suivante et, de 1918 à 1939, ils partageront ensemble une communauté de vie et de travail, cherchant à développer un art anonyme et collectif.

Passionnée par la danse, partageant son temps entre l’enseignement et la création, Sophie Taeuber-Arp est aujourd’hui reconnue comme une figure clé des débuts du constructivisme en Suisse après avoir longtemps été reléguée dans l’ombre de son conjoint. Elle participa également à l’émulation dada lors de ses années passées à Zurich – elle dansa au Café Voltaire, haut lieu du dadaïsme – et a été la première femme en Suisse à passer à la géométrie.

Grandir dans une famille où la créativité imprégnait la vie quotidienne l’a probablement aidée à s’extraire d’une relation mimétique à des objets. Autrement dit, ses compositions ne doivent que peu au monde extérieur. Son langage se caractérise en effet par une syntaxe faite de plans de couleurs et de formes simples – orthogonales à ses débuts et gagnant en courbes par la suite –, comme si la surface générait ses propres lois organisationnelles.

Séjournant en 1926 à Strasbourg, Sophie Taeuber-Arp reçoit plusieurs commandes de décoration intérieure. Son langage plastique le plus intégré semble s’exprimer pleinement quand il se confronte à l’espace réel de l’architecture : celui de l’Hôtel Hannong mais aussi celui de l’Aubette, complexe de restauration et de loisirs voulu par le pharmacien André Horn, qui lui confie également son appartement. Souvent, dans un désir d’œuvre d’art totale, elle intègre des éléments architecturaux dans ces ensembles décoratifs.

Designer, peintre, danseuse, marionnettiste, décoratrice, architecte – pour la maison qu’elle partage avec Arp à Meudon – Sophie Taeuber-Arp meurt accidentellement en visite chez leur ami et artiste Max Bill en 1943. En 1939, elle racontait un de ses rêves : « Sur une plage sablonneuse, au pied d’une falaise, mon index, comme de lui-même, traçait le mot "heureuse" dans le sable. À ce moment, une idée traversa mon esprit : si une roche venait à m’écraser, il ne resterait de moi que le mot "heureuse". Qui donc aujourd’hui ose dire cela sans devoir craindre la trivialité ? »