Quelques années après avoir réalisé la photographie de la Collection Pictet Alpen (Les Alpes, 1994-1999), Balthasar Burkhard dresse un portrait monumental de la Bernina, massif aux sommets très élancés.

Par un cadrage rapproché qui empêche le ciel de trouver une place dans la composition, la photographie se concentre sur un rapport direct entre la montagne et les nuages. La douceur des courbes de ces derniers entre en confrontation avec le relief abrupt du Piz Bernina, reconnu comme une des montagnes les plus impressionnantes de Suisse, notamment pour être l’unique sommet des Alpes orientales dépassant 4000 mètres.

Le photographe opte pour une vue qui, composée d’un spectre de nuances – allant du blanc au noir en passant par une multitude de gris intermédiaires –, se distancie du réalisme de son sujet. C’est donc moins la légendaire élévation de ce sommet qui est mise là en exergue que l’aspect sculptural de la roche millénaire déployé dans l’horizontalité du format.

Burkhard a sciemment cherché cette proximité avec la matière géologique du sujet. Lui qui ne recadre quasiment aucun de ses négatifs prend par contre beaucoup de soin à préparer sa prise de vue, à l’instar d’un réalisateur de film. Même travail avec l’éclairage : tout ce qui se trouve sur le négatif est agrandi tel quel sur le tirage final : « Je fais une seule photo et voilà. » Préparée mentalement, maîtrisée techniquement, Bernina 09 offre toute la force d’une composition solide, cadrée dans un lieu qui, comme tous ceux qu’il fige sur la pellicule, est choisi pour «l’influence très particulière » qu’il a sur lui.