Proche de la tradition du dessin, la découpure est une technique artistique foncièrement genevoise qui apparaît dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Sa pratique ne s’étend pas au-delà de 1850.
S’il est une personne à qui la Cité de Calvin doit tout en matière de découpure, c’est Jean Huber (1721-1786). Celui-ci tente d’élever cet art mineur au niveau des beaux-arts et son travail connaît un succès international. Il fonde véritablement ses ambitions artistiques dans ses « tableaux en découpures », qu’il conçoit comme des « Idées » ou comme « des tableaux qui laissent à penser ». Surnommé « Huber-Voltaire » pour avoir réalisé d’innombrables portraits du philosophe de Ferney, il se taille une renommée de découpeur de silhouettes entre 1755 et 1780. Diderot écrivit à son propos : « Quiconque a vu des découpures du fameux Huber de Genève, sentira vivement l’importance du coup d’œil. C’est avec la plus étonnante vérité que cet artiste unique en son genre sait, sans tracer aucun dessin, représenter chaque objet par la simple découpure d’un morceau de papier » (Encyclopédie, 1772).
La Banque Pictet possède cinq découpures de Huber, dont font partie L’Air de flûte et La Promenade dominicale. Il confectionne ses « tableaux en découpures » avec une lame, souvent directement, sans croquis préalable. Pour les détails, il a par contre recours à une pointe de graveur. Réalisées sur parchemin, ses œuvres évoquent son goût pour la nature et la chasse et rappellent ses peintures de scènes similaires – souvent inspirées des tableaux du peintre néerlandais Philips Wouwerman.
À Genève, dès 1790, de jeunes talents tels que Georges Du Pan (1754-1808) (Les Lavandières, À cheval dans la campagne), Michel Lullin (1754-1802) (À l’ombre d’un chêne), le peintre de genre, animalier et portraitiste Jacques-Laurent Agasse (1767-1849) (Grand arbre avec deux paysans) ou Henri Serre (actif fin XVIIIe siècle) (Chemin faisant) s’adonnent à cette pratique. Si Jean Huber donne ses lettres de noblesse à la découpure genevoise, Georges Du Pan est un amateur à placer quasiment au même niveau d’excellence. Formé dans l’atelier du premier, il réalise des productions de grandes dimensions pouvant aller jusqu’à un mètre de longueur.
Tout comme les papiers découpés ou les «poyas » populaires confectionnés en Gruyère dans le Pays d’Enhaut, les découpures genevoises relèvent d’une virtuosité technique. Toutefois, l’art genevois se développe chez des artistes de renom et n’obéit en rien à une tradition folklorique. Les thématiques illustrées font ainsi très souvent écho à celles élaborées dans la grande peinture néoclassique de l’époque : paysages historiés ou scènes de campagne. À cheval dans la campagne découpé par Du Pan présente, par exemple, une scène bucolique qui n’est pas sans rappeler les peintures classiques du Genevois Pierre-Louis De la Rive.
Les découpures genevoises se caractérisent enfin par un support de carton ou de parchemin de couleur blanche ou blanchie au préalable. Mais cette teinte n’est pas une composante seulement esthétique, elle a également une fonction pratique, puisque ces silhouettes se lisaient à l’époque en contre-jour entre deux plaques de verre. Dans les collections actuelles, elles sont généralement encadrées et montées sur un fond de couleur.
S’il est une personne à qui la Cité de Calvin doit tout en matière de découpure, c’est Jean Huber (1721-1786). Celui-ci tente d’élever cet art mineur au niveau des beaux-arts et son travail connaît un succès international. Il fonde véritablement ses ambitions artistiques dans ses « tableaux en découpures », qu’il conçoit comme des « Idées » ou comme « des tableaux qui laissent à penser ». Surnommé « Huber-Voltaire » pour avoir réalisé d’innombrables portraits du philosophe de Ferney, il se taille une renommée de découpeur de silhouettes entre 1755 et 1780. Diderot écrivit à son propos : « Quiconque a vu des découpures du fameux Huber de Genève, sentira vivement l’importance du coup d’œil. C’est avec la plus étonnante vérité que cet artiste unique en son genre sait, sans tracer aucun dessin, représenter chaque objet par la simple découpure d’un morceau de papier » (Encyclopédie, 1772).
La Banque Pictet possède cinq découpures de Huber, dont font partie L’Air de flûte et La Promenade dominicale. Il confectionne ses « tableaux en découpures » avec une lame, souvent directement, sans croquis préalable. Pour les détails, il a par contre recours à une pointe de graveur. Réalisées sur parchemin, ses œuvres évoquent son goût pour la nature et la chasse et rappellent ses peintures de scènes similaires – souvent inspirées des tableaux du peintre néerlandais Philips Wouwerman.
À Genève, dès 1790, de jeunes talents tels que Georges Du Pan (1754-1808) (Les Lavandières, À cheval dans la campagne), Michel Lullin (1754-1802) (À l’ombre d’un chêne), le peintre de genre, animalier et portraitiste Jacques-Laurent Agasse (1767-1849) (Grand arbre avec deux paysans) ou Henri Serre (actif fin XVIIIe siècle) (Chemin faisant) s’adonnent à cette pratique. Si Jean Huber donne ses lettres de noblesse à la découpure genevoise, Georges Du Pan est un amateur à placer quasiment au même niveau d’excellence. Formé dans l’atelier du premier, il réalise des productions de grandes dimensions pouvant aller jusqu’à un mètre de longueur.
Tout comme les papiers découpés ou les «poyas » populaires confectionnés en Gruyère dans le Pays d’Enhaut, les découpures genevoises relèvent d’une virtuosité technique. Toutefois, l’art genevois se développe chez des artistes de renom et n’obéit en rien à une tradition folklorique. Les thématiques illustrées font ainsi très souvent écho à celles élaborées dans la grande peinture néoclassique de l’époque : paysages historiés ou scènes de campagne. À cheval dans la campagne découpé par Du Pan présente, par exemple, une scène bucolique qui n’est pas sans rappeler les peintures classiques du Genevois Pierre-Louis De la Rive.
Les découpures genevoises se caractérisent enfin par un support de carton ou de parchemin de couleur blanche ou blanchie au préalable. Mais cette teinte n’est pas une composante seulement esthétique, elle a également une fonction pratique, puisque ces silhouettes se lisaient à l’époque en contre-jour entre deux plaques de verre. Dans les collections actuelles, elles sont généralement encadrées et montées sur un fond de couleur.