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Pamela Rosenkranz

Creation, Deterioration, Conservation (Holis), 2017
peinture acrylique, impression jet d'encre, plexiglas
110.0 x 223.0 cm
La présence de Pamela Rosenkranz à la Biennale de Venise en 2015 déclenche une nouvelle étape dans sa réflexion sur l’évolution de la culture humaine et ses formes identitaires.

Commencée la même année, la série Creation, Deterioration, Conservation prolonge l’exploration de l’artiste suisse par rapport aux enjeux d’une création artistique jouant à la frontière de l’abstraction et de la matérialité. Cette fois-ci, ce n’est pas l’International Klein Blue qui sert de lien entre les deux pôles, mais une couleur étrange qui rappelle les tonalités de la peau humaine. Tout comme l’IKB, elle est à la fois abstraite et tangible, singulière et multiple, reconnaissable et indéfinissable à cause de la diversité des nuances et des variations qu’elle propose. Pour Rosenkranz, la peau est la première chose que l’être humain est capable d’apercevoir visuellement de soi-même, en l’absence d’un miroir. Elle est la première marque visuelle du corps dans l’espace. Par conséquent, l’artiste décide d’en faire un outil pour l’exploration de l’espace et des autres corps. Elle choisit de travailler avec des impressions digitales des œuvres représentatives pour la tradition picturale vénitienne, ainsi la Procession sur la place Saint-Marc de Gentile Bellini, qu’elle rend presque méconnaissables par l’application à leur surface de cette teinture. Ce jeu chromatique rapproche symboliquement le corps humain du corps de la peinture et de celui du support : peau contre peau, tout comme l’installation Our Product cherchait à le faire dans le pavillon suisse de la Biennale de Venise.

Creation, Deterioration, Conservation (Holis), 2017, fonctionne dans la même logique, tout en soulignant le caractère artificiel de cette « peau-acrylique ». Pareillement à d’autres toiles de la série, Holis ne renvoie à rien d’autre qu’à une substance artificielle, imaginée par l’artiste. Ce qui compte ce n’est pas l’habilité du spectateur à identifier sa référence chimique, mais le processus symbolique qui se met en marche. Du point de vue ontologique, cette substance représente la peau elle-même, isolée comme une image entre deux feuilles de plexiglas, pour des raisons de conservation.

Dans une vision presque holistique du monde, Rosenkranz projette le corps – qu’il soit iconique ou humain – dans une mutation perpétuelle, entre création, détérioration et conservation.
Pamela Rosenkranz, Creation, Deterioration, Conservation (Holis), 2017