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Ugo Rondinone

funfzehnterjulineunzehnhundertneunundneunzig, 1999
encre sur papier
200.0 x 298.0 cm
Les premiers dessins grand format à l’encre de Chine d’Ugo Rondinone datent du tout début des années 1990. Offrant la vision de paysages idylliques de collines boisées émergeant dans les brouillards d’un environnement bucolique, où seules quelques chaumières indiquent une présence humaine, ces dessins semblent surgir d’une époque proto-industrielle.

Dans le noir et blanc de leur apparition fantomatique, ces évocations d’un jardin d’Arcadie se drapent de mélancolie, d’une mélancolie du sublime héritée de la tradition romantique du paysage. Ce sont des rêveries suspendues, où le temps s’est arrêté, pris dans les arbres noueux, prisonnier d’une nature irréelle, hanté par l’esprit nostalgique du lieu. Pour mieux laisser le spectateur pénétrer dans ces dessins, ceux-ci se font tableaux, des tableaux immenses, à échelle humaine. Et pourtant, en contrepoint, ces œuvres font référence à la gravure ancienne de petit format des XVIIe et XVIIIe siècles.

Sous l’effet de cette combinaison de techniques et de citations, de l’absence de chromatisme, de motifs parfois rendus en négatifs, l’artiste dessine des souvenirs de paysages, plus psychiques que tangibles, complices d’un univers fantastique. Multipliant les références, Rondinone recompose une image qui semble familière mais dont la scène pastorale a sciemment été omise, comme pour déstabiliser le regardeur devant un spectacle trompeur, et pour ne laisser que les indices d’une présence, d’une histoire possible, une histoire qui reste à inventer.

Par le choix d’un titre qui reprend typographiquement la date de création du dessin, Rondinone relie ce paysage hors du temps à un jour précis de sa propre vie. Il en fixe l’instant et ancre la référence au passé dans un moment contemporain spécifique. Comme le relève David Thorp : «Au cœur de la pratique de Rondinone, on trouve une acceptation résignée et mélancolique d’un monde dont la beauté reste une caractéristique rédemptrice. »
Ugo Rondinone, funfzehnterjulineunzehnhundertneunundneunzig, quinzejuilletmilleneufcentnonanteneuf, 1999