Dans Passes : Gotthard, trois importantes couches de neige se fondent dans un ciel devenu imperceptible puisque la ligne d’horizon a disparu. Elles écrasent le toit de la maison de tout leur poids – sensation renforcée par le choix d’un cadrage bas, rendant compte à la fois de sa solidité – par sa construction résistante – et de sa fragilité – par la précarité de la situation qui pourrait se détériorer.

Saisi par la poésie de ces images, le spectateur pourrait se perdre dans une contemplation méditative et passer à côté de l’aspect menaçant des conditions météorologiques. Or, Flechtner pose la question de la place que l’homme occupe dans l’espace et dans le temps, aux prises avec une nature qui lui impose ses propres limites. Lui-même l’expérimente réellement durant la prise de vue, seul face à cette vaste étendue aux innombrables nuances de blancs.