En 1898, date de son mariage avec Anna Luder, Cuno Amiet s’est installé dans un appartement au premier étage d’une auberge du village bernois d’Oschwand et a aménagé son atelier dans une remise à côté. Dix ans plus tard, il fait construire dans le même village une maison Jugendstil par l’architecte bernois Otto Ingold.

Son domicile, sujet de cette peinture, deviendra dès 1913 et jusqu’à la fin des années 1930 un « lieu de pèlerinage » pour les artistes et amateurs d’art. « Combien de jeunes artistes sont arrivés dans ce village isolé, leurs premiers essais sous le bras, pour solliciter l’avis d’Amiet et s’assurer qu’ils étaient qualifiés pour exercer le métier de peintre ! », relate son ancien élève Peter Thalmann qui a passé une bonne partie de sa jeunesse là-bas.

La même année que le début de la Première Guerre mondiale et la création de Haus auf der Oschwand (Maison à Oschwand), Paul Klee et Alexeï von Jawlensky lui rendent visite pour la première fois. Contrairement à la plupart de ses contemporains, Amiet échappe au système naissant des galeries d’art et reçoit les amateurs directement dans son atelier à Oschwand pour conclure leurs acquisitions.

Dans un style expressionniste, avec des couleurs vives et chaudes, Amiet représente sa propriété dans une ambiance estivale : trois zones rouge – le parterre et les toitures de la maison – se font écho et entrent en dialogue avec les tonalités complémentaires des frondaisons environnantes, le tout baigné dans un ciel bleu roi. « Si tu veux créer quelque chose de vraiment artistique, disait Amiet, avant de commencer à peindre, pense au mot qui définisse le mieux possible l’impression que t’inspire ton sujet. Écris-le aussitôt, afin de ne pas courir le risque de t’en écarter au cours de ton travail. »