Relief mural à l’apparence zoomorphe, imperia IV déploie presque symétriquement ses bras sur un mètre cinquante d’envergure. Les multiples facettes créées par l’alternance de sections blanches, vertes ou noires offrent un dessin géométrique à ce corps anguleux dont les bras s’allongent le long de la paroi et deviennent saillants en son centre. Son volume finement découpé en de nombreux segments et ses contours dentelés lui confèrent un aspect décoratif qui nous rappelle le jeu incessant de Valentin Carron entre l’art et l’artisanat, ou la citation et son objet. Sa surface morcelée, à l’effet mosaïque reproduit par Carron à l’aide de ses matériaux synthétiques favoris, participe également à ce caractère ornemental.

S’inscrivant parfaitement dans la démarche appropriationniste de l’artiste, imperia IV reproduit presque à l’identique une œuvre du sculpteur tessinois Remo Rossi exécutée vers 1962-1964 et découverte par hasard dans le hall d’un immeuble à Montreux. C’est la mise en application très tardive de certaines inspirations futuristes et par conséquent le caractère désuet de cet ouvrage qui inspire à l’artiste valaisan à la fois complaisance et compassion.