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Miriam Cahn

L.I.S. zuviele tiere, 09.03.1990
dessin au fusain, triptyque
70.0 x 210.0 cm
Dès la fin des années 1960, Miriam Cahn commence à dessiner sur de grandes feuilles de papier, à même le sol, dans la poussière du fusain et de la craie noire. Déjà conçus comme des œuvres d’art autonomes et issus d’un processus de création très physique – proche de la performance –, ses premiers croquis semblent possédés par le corps de l’artiste, qui nous livre son expérience personnelle de manière directe, sans fards.

Autour de 1990, elle poursuit, debout et dans de plus petits formats, l’exploration de paysages graphiques, parfois inquiétants, peuplés d’animaux et de silhouettes humaines floues qui émergent d’un fond neutre et sombre dans une aura de lumière diffuse, tels des spectres impalpables (L.I.S zuviele tiere, 1990). Au même moment, Miriam Cahn se met à peindre à l’huile, avec des couleurs pures et intenses, dont l’éclat particulier rappelle l’esthétisme moderne des lumières fluorescentes ou des rayons X, aux puissants impacts rétiniens.

Confinés dans un espace vide et intemporel, ses portraits de figures hybrides semblent s’allumer de l’intérieur pour vibrer d’une présence évanescente et énigmatique (pferdeartig / animal sound, 1997). Aux frontières de l’animisme, l’artiste y dévoile sa perception intime d’un univers primitif d’avant la culture où l’humain, l’animal et le végétal forment encore un tout indissociable. À moins qu’elle ne cherche à y exprimer l’innocence et la fragilité inhérente à toute existence biologique.

Artiste engagée, Miriam Cahn place également au centre de ses réflexions l’actualité du monde qui l’entoure et des préoccupations contemporaines comme le statut de la femme, l’exil ou encore la guerre, omniprésente dans son œuvre. Ce sont avant tout ses injustices, ses régressions primitives et son lourd tribut en termes de sacrifices humains que cherche à exprimer l’artiste par le biais des personnages esseulés et vulnérables de ses peintures (anfall, 2008). Sortant de leur isolement, ils deviennent ensuite les maillons d’un échange fécond, les acteurs d’une vaste tragédie que l’artiste déploie dans des accrochages-constellations intuitifs. Accordant à chacun de ses travaux la même équivalence, Miriam Cahn considère sa démarche artistique non comme une quête de l’œuvre d’art, mais comme une pratique sérielle constante, issue d’un travail quotidien, existentiel.
Miriam  Cahn, L.I.S. zuviele tiere, LIS trop d'animaux, 09.03.1990