Les œuvres de Philippe Decrauzat font vibrer les murs, creusent et dilatent l’espace, déstabilisent le corps et le regard. Par le biais de savants jeux perspectifs, il cherche à ébranler nos certitudes visuelles. Avec ses compositions géométriques, l’artiste se joue de la réalité et provoque de spectaculaires effets optiques.

Pour parvenir aux résultats désirés, Decrauzat peut modifier et découper le châssis d’une toile, comme avec Luh, dont les contours ondulés épousent les lignes de la composition afin d’accentuer l’impression de torsion visuelle. Luh fait allusion à un personnage de roman né sous la plume de l’écrivain de science-fiction anglais J. G. Ballard et qui a la faculté de produire des distorsions sonores, distorsions que Decrauzat cherche à traduire ici par des moyens picturaux. Le son et les images issues d’œuvres musicales réapparaissent régulièrement dans le travail de l’artiste.

Quant à l’huile sur toile Five Star, elle figure une étoile en perpétuel mouvement, qui semble vouloir s’échapper du mur et dont les scintillements papillonnent au gré des battements de lumière. Fleur éclatée, étincelle du big-bang ou pulsar égaré, Five Star opère à la manière d’un stroboscope délicat, dont les saccades optiques n’ont d’autre but que de nous hypnotiser doucement, par intermittence et jeux de reflets.

Les œuvres de Philippe Decrauzat, peintre du mouvement et de l’oscillation, s’offrent comme des phénomènes visuels à expérimenter. Tantôt éblouissantes, tantôt magnétiques, elles ne cherchent qu’à tromper nos sens, pour la plus grande délectation du spectateur.