Au milieu des années 1960, Charles Rollier entame la dernière phase de sa carrière artistique. Caractérisées par un geste assoupli et des mouvements circulaires, les deux œuvres, Nayikà - femme-couple émanant son pouvoir d'initiation, 23 mars 1967, et Sans titre, 2 novembre 1965, témoignent de la prise d’assurance qui se manifeste lors de cette étape majeure de son travail, interrompue dans son élan par la mort soudaine de l’artiste en 1968.

Empreintes de lyrisme et de sensualisme, les toiles tardives de Rollier suggèrent le mouvement et le contour de silhouettes enchevêtrées. Par une matière fluide et transparente, il laisse apparaître des formes allusives, presque dansantes, desquelles émane une énergie cosmique puissante. Dans ce tournoiement, un état de renaissance et de transcendance semble habiter l’espace pictural sans y être confiné.

Construites par touches rapides, les deux toiles de Rollier expriment l’engagement et la spontanéité d’exécution avec lesquels l’artiste n’a cessé de travailler. Entre intuition et illumination, chaque composition devient la manifestation d’une rêverie intérieure et une glorification de la femme.

« Dans l’isolement concentré et attentif, tourner le dos à des foules de choses… La cité, l’époque, les idées courantes, les souffrances, tout et tout… et se retourner vers cette aurore sombre et soyeuse, silencieuse et calme… et là-bas, dans ce monde lointain, écouter les voix secrètes… les murmures ondoyants… » (Charles Rollier, lundi 24 avril 1961).