Cette toile fait partie de la série des « Coulures » et résulte d’une performance. Travaillée à la verticale, la toile brute a été colorée par le passage de peintures et autres matériaux de diverses consistances comme du vernis, du verre pilé, des perles, des paillettes. Les liquides ont été déversés directement des pots portés par John M Armleder en haut de cette toile légèrement inclinée pendant l’opération.

L’artiste n’utilise volontairement pas de pinceau et les marques arrondies qui se juxtaposent en haut de la composition indiquent ainsi le départ de l’écoulement, là où le liquide a entamé son chemin sur la toile avant de s’étirer sur toute l’étendue du support. En bas, le surplus de peinture a été récupéré et mélangé à de nouveaux composants avant d’être déversé avec la prochaine coulure. Ainsi, une fusion de plus en plus complexe de couleurs et de matière se lit de gauche à droite.

Comme pour échapper quelque peu à lui-même, et à l’instar de Marcel Duchamp, des dadaïstes ou de John Cage, Armleder offre la possibilité aux choses de se constituer grâce au hasard. Par ce procédé, l’artiste met le spectateur à l’épreuve et teste sa résistance ou son acceptation d’une peinture festive en tant qu’œuvre d’art. Il fait également référence à Larry Poons qui surchargeait ses toiles : « J'ai une sympathie pour la peinture de Poons qui a fait des peintures à pois et a évolué vers des peintures de coulées et des peintures très surchargées… »