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Gustave Buchet

Femme allongée, 1917
huile sur toile
58.3 x 61.4 cm
1917 correspond à l’année où Gustave Buchet rejoint les considérations stylistiques des futuristes italiens pour qui : « la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse. Une automobile de course […] est plus belle que la Victoire de Samothrace » (Marinetti, « Manifeste du futurisme », 1909). Mais si Buchet partage avec les futuristes un intérêt pour le mouvement, ses sujets sont à l’opposé des thématiques exploitées par ces derniers. Ainsi, Femme allongée exhibe la beauté classique d’un nu féminin, précisément le genre de thème rejeté par les artistes italiens. Cependant, l’agencement de sa composition, son rythme saccadé, la déconstruction des volumes le relient à ce mouvement.

Femme allongée est entièrement articulé autour des lignes qui structurent le corps dénudé et son environnement, emmêlant l’un à l’autre, les faisant se confondre dans un enchevêtrement indistinct. La démultiplication des points de vue sur un même objet, propre au cubisme, est visible dans la juxtaposition des formes abstraites construisant le décor. Le corps est également traité de manière schématique : les courbes féminines sont uniquement suggérées par les quelques traits sinueux qui cernent des volumes à peine modelés.

Buchet utilise ici une palette claire et lumineuse, réduite à quelques teintes ocre et vert clair, tout en légèreté. Quant à la description de l’espace, elle est soumise à une absence de perspective et de profondeur. Buchet réinterprète stylistiquement le futurisme pour le faire sien, et profite de la liberté d’expression que cela lui procure pour expérimenter une conception plus intuitive de l’espace. Tradition – par le choix du sujet – et innovation – par le style – se rencontrent dans cette composition harmonieuse.
Gustave Buchet, Femme allongée, 1917