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Alain Huck

Fraction, 2009
fusain sur papier
151.0 x 218.0 cm
Visions hallucinatoires, lieux habités par l’absence et forêts énigmatiques, les paysages d’Alain Huck s’infiltrent dans les entrelacs de la pensée comme des spectres du passé. Entre souvenirs et rêves, ils clament la noirceur du monde tout en la sublimant par la virtuosité de leur technique.

Partant d’images trouvées ou photographiées, l’artiste saisit dans la poussière du charbon des lieux d’une étrange simplicité, mais qui dégagent une énergie suffisamment puissante pour le troubler et l’absorber durant les longs mois de la réalisation des dessins. Le fusain, ce bois calciné qui porte déjà en lui-même l’empreinte du temps, permet ce tracé précis et ces noirs profonds qui alternent avec des effets de brume.

Après un report méticuleux de son sujet, Huck brouille l’image d’un voile, la marque de ses empreintes de poings ou de bras et peuple le dessin de multiples indices d’une présence physique. « […] au moment où l’image est très nette, très contrastée, j’interviens alors rapidement sur toute la surface comme si je l’effaçais, mais je fais apparaître une nouvelle image, où il y a cette présence de lumière, d’ombre et de vertige. »

Les branchages recouverts de neige de Fraction jonchent le sol comme les fossiles d’un temps disparu, prisonniers de la cendre qui les fige. Dans Génération, la précision photographique du rendu donne un éclat presque brillant aux pierres amoncelées. Le chemin qui serpente figure la trace d’une histoire, d’un vécu, métaphore d’une évanescence proche, en voie d’effacement. Présence-absence, disparition-destruction, souffle de mort et espoir mélancolique: tout l’œuvre de Huck est hanté par l’obscurité d’une conscience qui sait qu’elle n’échappera pas à sa propre fin. Entre persistance et éphémère, ses dessins sont aussi éblouissants que sombres.
Alain Huck, Fraction, 2009