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Christian Marclay

Sans titre, 2004
photogramme sur papier C-print monté sur Sintra
60.3 x 50.2 cm
Au cours de son exploration des cultures visuelles et sonores, Christian Marclay recourt régulièrement à la photographie, médium qui occupe une place constante dans sa pratique. Que ce soit à travers des photos prises par des inconnus et trouvées au marché aux puces ou en effectuant lui-même des clichés rapides (snapshot), Marclay compose une inépuisable archive d’images qui ont toutes un lien avec le son.

Il s’intéresse également à des techniques photographiques anciennes et peu usitées, comme le photogramme et le cyanotype. Ces procédés directs de reproduction exposent sans intermédiaire les objets à la lumière, si bien que leurs contours et leurs ombres s’inscrivent sur le papier photosensible avec divers degrés de densité. Développés dans les années 1840, ils ont connu une célébrité renouvelée grâce à Man Ray ou László Moholy-Nagy autour des années 1920. Marclay se réapproprie à son tour ces techniques obsolètes pour fixer l’image de supports d’enregistrements sonores eux-mêmes en voie de disparition, comme le disque vinyle ou la cassette audio. Il capture ainsi la vulnérabilité d’un médium au moyen d’un procédé finalement à peine moins fragile car lui aussi voué à la désuétude.

Avec ce photogramme de 2004 (Sans titre), l’artiste met en évidence le support vinyle et joue de sa translucidité tout en évoquant le scratch. À la fois lune et soleil incandescent, le disque dégage des évanescences bleutées, sorte de matérialisation optique de la musique inscrite dans ses sillons. Tel un archéologue, Marclay recense les outils de la musique promis à la déréliction et interprète leurs qualités formelles dans une symphonie visuelle hautement suggestive.
Christian Marclay, Sans titre, 2004