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Daniel Spoerri

1930
Né en 1930 à Galati en Roumanie, Daniel Spoerri – de son vrai nom Daniel Isaak Feinstein – émigre en Suisse à la mort de son père en 1941 et est élevé par son oncle maternel, recteur de l’Université de Zurich. Avant de se lancer dans l’aventure artistique, il entame une carrière de danseur à l'Opéra de Berne de 1954 à 1957, puis il se consacre à la mise en scène et au décor de théâtre de pièces avant-gardistes. Poète dès ses débuts, il fonde en 1957 Material, première revue de poésie concrète.

Installé à Paris en 1959, il y crée l’édition Mat (Multiplication d’art transformable) qui présente à travers des procédés inhabituels des multiples d’artistes tels que Marcel Duchamp, Man Ray, Victor Vasarely et Jean Tinguely. C’est la complicité qu’il partage depuis 1949 avec ce dernier et sa rencontre avec Yves Klein qui l’orientent définitivement vers une carrière d’artiste plasticien et le poussent à réaliser en 1960 ses premiers «Tableaux-pièges».

La même année, dans l’appartement de Klein, Spoerri adhère au groupe des nouveaux réalistes, en présence du critique d’art Pierre Restany et des artistes Yves Klein, Jean Tinguely, Arman, Martial Raysse, Raymond Hains, Jacques Villeglé et François Dufrêne. Prenant conscience de leur singularité collective, tous se proposent de revisiter les objets du quotidien en les détournant de leur fonction première afin de dissoudre les frontières entre l’art et la vie, dans un esprit critique et décalé. En parallèle aux « Tableaux-pièges », Spoerri développe en 1963 les «Détrompe-l’œil», tableaux déguisés d’inspiration plus surréaliste, puis les «Pièges à mots» vers 1964, qui illustrent avec humour proverbes et expressions.

Mêlant également sa quête artistique à celle du goût, il se déclare inventeur de l’Eat Art en créant des restaurants éphémères où le spectateur est invité à produire une œuvre d’art ou en ouvrant en 1968 à Düsseldorf un vrai restaurant à son effigie qui propose des «menus travestis». À Milan, le 19 novembre 1970, pour le dixième anniversaire du Nouveau Réalisme, il se charge du banquet funèbre du mouvement, «l’Ultima Cena», traduisant des œuvres en éléments comestibles. Il réalise également des assemblages-trophées, des «Vide-poches» et ouvre en 1976 le «Musée des fétichismes» ou encore la «Boutique des aberrations».

Personnalité éclectique et artiste pluridisciplinaire, Spoerri est l’un des derniers membres fondateurs du Nouveau Réalisme encore en vie. Il réside à Seggiano en Toscane (Italie). Après le Centre Georges-Pompidou à Paris en 1990, le Musée Tinguely à Bâle lui consacre en 2001 une importante rétrospective intitulée Daniel Spoerri – Metteur en scène d'objets.