«Le jour où je saurai faire la tête de Diego, je saurai faire n’importe quelle tête.» Alberto Giacometti nous livre dans ce portrait sculpté une évocation à la fois puissante et sensible de son jeune frère Diego (1902-1985), d’une année son cadet. Les deux frères, très proches, partagent à Paris le même atelier de sculpture, au sein duquel le plus jeune moule les plâtres, patine les bronzes et dès 1935 pose régulièrement pour son aîné. Modèle constamment regardé, scruté, pétri et peint, Diego devient le support et le pilier des recherches plastiques qu’Alberto mène dans les années cinquante.
Bien après ses expérimentations formelles inscrites dans l’avant-garde parisienne et à la suite de ses paysages peuplés d’êtres filiformes – qui par leur esthétique singulière lui ont valu une renommée mondiale –, Alberto revient à son incessante obsession de sculpter une tête qui soit le plus proche possible de la réalité perçue, privilégiant la rencontre immédiate avec l’être vivant. C’est dans cette nouvelle démarche que s’inscrit l’observation progressive et constamment renouvelée du visage de Diego qui donnera naissance à une série de croquis, ainsi qu’à une suite de bustes et de têtes exécutés entre 1951 et 1957.
Massif et sommairement modelé, le buste joue le rôle d’un socle duquel émerge le visage, comme posé sur un piédestal. Il tient le spectateur en respect, telle une figure sacrée, divinité d’un culte primitif, qui nous domine par son attitude hiératique. Nécessaire à sa juste appréciation, cette distance, qui est celle de l’artiste face à son modèle, donne vie à la figure qui reprend le dessus sur la matière bosselée et informe dont elle provient. L’artiste palpe et pétrit inlassablement de ses doigts l’argile, s’efforçant de capturer l’essence de son modèle, dont seul le regard est capable de traduire la profondeur d’âme et de délivrer la sensation de présence immédiate. Rendre en peinture et en sculpture l’expressivité du regard, c’est-à-dire la vie, telle est la vocation que l’artiste suivra dès lors jusqu’à sa mort dans une œuvre en constante gestation.
Bien après ses expérimentations formelles inscrites dans l’avant-garde parisienne et à la suite de ses paysages peuplés d’êtres filiformes – qui par leur esthétique singulière lui ont valu une renommée mondiale –, Alberto revient à son incessante obsession de sculpter une tête qui soit le plus proche possible de la réalité perçue, privilégiant la rencontre immédiate avec l’être vivant. C’est dans cette nouvelle démarche que s’inscrit l’observation progressive et constamment renouvelée du visage de Diego qui donnera naissance à une série de croquis, ainsi qu’à une suite de bustes et de têtes exécutés entre 1951 et 1957.
Massif et sommairement modelé, le buste joue le rôle d’un socle duquel émerge le visage, comme posé sur un piédestal. Il tient le spectateur en respect, telle une figure sacrée, divinité d’un culte primitif, qui nous domine par son attitude hiératique. Nécessaire à sa juste appréciation, cette distance, qui est celle de l’artiste face à son modèle, donne vie à la figure qui reprend le dessus sur la matière bosselée et informe dont elle provient. L’artiste palpe et pétrit inlassablement de ses doigts l’argile, s’efforçant de capturer l’essence de son modèle, dont seul le regard est capable de traduire la profondeur d’âme et de délivrer la sensation de présence immédiate. Rendre en peinture et en sculpture l’expressivité du regard, c’est-à-dire la vie, telle est la vocation que l’artiste suivra dès lors jusqu’à sa mort dans une œuvre en constante gestation.