Alexandre Calame célèbre ici avec solennité les beautés de la nouvelle patrie : celle d’une Suisse unifiée, née avec la Constitution Fédérale de 1848. Dans le Lac des Quatre-Cantons près de Brunnen (1857), il répond magistralement à la difficulté posée par la complexité de ce type de paysage : masse, grandeur et distance sont des caractéristiques à travailler avec soin pour ne pas créer un sentiment de monotonie chez le spectateur.

Dès 1845, la santé du peintre décline et il doit renoncer à voyager en altitude. Il opte désormais pour le lac des Quatre-Cantons qu’il dessine sur place avant de le retravailler en peinture et en grand format dans l’atelier. Il exploite ce sujet de divers points de vue et dans des formats différents.

Comme souvent dans les toiles de Calame, le premier plan est soigneusement élaboré et s’oppose aux cimes montagneuses baignées de lumière à l’arrière-plan. Les sapins cassés par la nature, motif récurrent dans ses peintures, accrochent quelques rayons de soleil au premier plan et noient dans l’ombre le chalet d’alpage qui les jouxte. Sur une paroi luit la timide flamme d’une lanterne laissant deviner quelque vie humaine. Plus loin, perdu dans le paysage minéral des rochers, apparaît le lac vert-bleu de ce théâtre romantique dominé par des cimes enneigées.