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Édouard Vallet

Les Coquelicots, 1926
huile sur toile
50.0 x 65.0 cm
Une campagne nouvellement fleurie évoque l’arrivée récente de l’été, avec toute la légèreté de cette saison colorée. Cette fraîcheur de teintes et de sujet s’oppose au caractère monumental des montagnes souvent décrites par Édouard Vallet. Les Coquelicots, avec leur grand tapis d’herbes sauvages et leurs pétales éparpillés, amènent un vent de couleur dans la production de Vallet.

Charles Ferdinand Ramuz écrivait en 1906 à propos d’un tableau représentant un jardin au mois de mai : « […] [Cela] a néanmoins un tel charme d’impression juste, une telle gaîté et verve de peinture, quelque chose de si joliment inattendu dans la mise en pages et la couleur qu’il mérite bien une place à part. Cette spontanéité dangereuse chez d’autres est chez lui un gage de succès. C’est qu’elle voisine avec une grande sûreté de main et une parfaite connaissance des limites de ses moyens. »

Vallet parvient à recréer avec justesse l’impression d’une prairie brossée par la brise, dont les herbes mouvantes dessinent des ondulations dans le paysage. Au loin, quelques arbustes sombres renforcent la composition et permettent la transition vers les sommets givrés. La brosse du pinceau joue avec les différents coloris : parfois empâtée, dans les zones d’herbes touffues, parfois légère, pour les touches de rouge. Le geste du peintre restitue pleinement l’atmosphère chahutée de l’été.

Vallet retravaille les épaisseurs de la matière et intervient en frottant la surface dès la couleur posée. Il parvient ainsi à des effets d’estompe et de mélange qui renforcent la densité chromatique, comme au premier plan, avec la percée vert pâle qui s’étale dans le pré, formant un couloir broussailleux modelé par le vent. Ce champ piqué de coquelicots évoque inévitablement la fameuse toile du même nom de Claude Monet (1873, Musée d’Orsay), réalisée quelque cinquante ans plus tôt. Le décor vallonné d’Argenteuil a cédé la place aux montagnes dessinées à l’horizon par un cerne bleu mais la gamme de tons est similaire à celle choisie par Monet. Édouard Vallet exprime ici encore son goût pour l’art en plein air.
Edouard Vallet, Les Coquelicots, 1926