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Karim Noureldin

One, 2020
peinture acrylique, oeuvre in situ
Au printemps 2019, le Groupe Pictet a invité l’artiste Karim Noureldin (1967) à concevoir un projet spécifique pour son futur auditorium de 350 places sis 43, route des Acacias, à Genève, dans d’anciens locaux industriels. L’artiste égypto-suisse, né à Zurich, a développé un projet de grande ampleur, de type Kunst am Bau, en étroite collaboration avec l’architecte en charge de la réhabilitation des lieux.

En entrant dans l’amphithéâtre, le regard est directement attiré vers le plafond multicolore de la salle où un tissage de couleurs rose, bleue, jaune, orange et verte se dessine selon un plan soigneusement établi par l’artiste. Fort de son intérêt pour l’architecture, Noureldin a su mettre en valeur la structure porteuse de l’espace, laissée volontairement apparente au-dessus des gradins. En alternant plus d’une dizaine de couleurs peintes sur ses éléments techniques et fonctionnels – des poutrelles métalliques aux tuyaux d’aération – l’artiste confère au plafond un aspect à la fois sculptural et vibrant. Dans un audacieux contraste entre les revêtements sombres de la zone inférieure – sièges, moquette, scène, rideaux – et les teintes colorées du sommet, l’espace pictural et l’architecture se confondent et s’unissent en une gigantesque œuvre abstraite. Déjouant toute règle de symétrie, Noureldin ponctue ici le rythme parfaitement maîtrisé d’une symphonie chromatique monumentale.

L’affectation temporaire du lieu – vraisemblablement voué à la démolition dans la perspective de vastes projets urbanistiques – a orienté les choix architecturaux et artistiques vers un traitement fonctionnel et minimal. Fruit d’une réflexion holistique, l’intervention de Noureldin s’intègre subtilement à l’ensemble de l’édifice et diffuse un flux d’énergie.

Le hall principal et le foyer, également traités par l’artiste, introduisent la couleur dès l’entrée du bâtiment. En colorant les murs et les éléments structurels, l’artiste souligne les caractéristiques architecturales du lieu, telles que l’imposant escalier en colimaçon et la beauté de son garde-corps. Le rythme des couleurs s’accélère à l’étage sur les deux murs latéraux du foyer recouverts de larges bandes verticales, puis converge vers le point culminant, au cœur de l’amphithéâtre, en une explosion multicolore.

L’intervention de Noureldin évoque la tradition des illustres décors peints des églises aux opéras, comme celui de Marc Chagall pour l’Opéra Garnier à Paris, et nous rappelle qu’un lien historique uni l’art et l’architecture. Le plafond, source d’inspiration inépuisable, célèbre ici la couleur. Vibration, force et vitalité de ce projet font aussi écho à d’autres fameuses études de rythmes et de formes telles que celle de Piet Mondrian et son dernier tableau Broadway Boogie Woogie (1942-1943) ou encore à l’architecture innovante et colorée du Centre Pompidou de Renzo Piano et Richard Rogers – un bâtiment à la fois futuriste et emblématique des années 1970.
Karim Noureldin, One, 2020
Karim Noureldin, One, 2020