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Ian Anüll

Prix, 1999
acrylique sur toile
131.5 x 101.0 cm
Intéressé par les mécanismes de l’univers de la consommation et des médias de masse, l’artiste lucernois Ian Anüll se fait d’abord connaître par son détournement pictural du ® de «Registered Trademark» (marque déposée), qu’il exploite tantôt comme thème principal tantôt comme tampon discrètement apposé dans un coin de ses réalisations. Soumis à un automatisme de répétitions, ce célèbre signe devient rapidement une sorte de leitmotiv et bientôt la marque de fabrique de l’artiste. Loin d’être considéré comme un simple symbole ludique, il lui permet d’aborder une réflexion teintée de cynisme sur les rapports entre produits manufacturés et œuvres d’art, et plus largement entre l’art et son marché.

Son travail se développe ensuite autour de sigles et de labels, griffés ou non, extraits de leur contexte et détournés de leur signification, ou encore de signes simples, aisément reconnaissables, comme ici les lettres superposées dans une esthétique design qui composent le titre de la toile Prix (1999). Ne revendiquant aucune vocation idéologique, mais cultivant certains malentendus, l’artiste se contente de mettre en évidence, avec lucidité, l’instrumentalisation croissante de l’art par l’industrie culturelle − elle-même soumise à des injonctions économiques. Selon l’artiste, elle tend à réduire l’œuvre à un bien de consommation, à une marchandise, et menace la valeur humaine et la liberté du travail artistique. Malgré la justesse de ses propositions pleines d’esprit et de verve, Ian Anüll se trouve pourtant pris au piège de la machine qu’il dénonce, étant lui-même acteur de ce marché, dont il dépend.

Ce cercle vicieux donne naissance à une réflexion exacerbée, à la fois grave et teintée d’humour, qui se cristallise dans des œuvres allusives à double-sens ou au potentiel d’interprétation multiple. Soucieuse d’être fidèle à la démarche de l’artiste, la Collection Pictet prolonge cette dichotomie avec ironie non seulement en faisant l’acquisition de la toile Prix précisément sur le marché de l’art, mais surtout en choisissant de l’exposer au sein d’une institution bancaire, qui fait inévitablement de l’argent l’une de ses principales matières premières.
Ian Anüll, Prix, 1999