Telle une pupille noire, cette toile semble happer le regard du spectateur, comme pour le perdre et le confronter à la fois. Récemment entré dans la Collection Pictet, Tambour 88’ fait partie des travaux encrés de Latifa Echakhch, dans lesquels l’évolution de l’encre sur le support choisi échappe à la seule volonté de l’artiste, comme guidée par une force aléatoire. Latifa Echakhch y dévoile sans pudeur le déroulement de l’expérience créatrice, avec toutes ses possibilités et ses hésitations, en prenant également en compte l’espace et le temps de la création.
Les Tambours sont en effet le résultat d’un processus technique patient et ingénieux: au centre de toiles circulaires couchées à même le sol, l’artiste fait couler de l’encre de Chine noire au moyen d’un système de goutte-à-goutte depuis la hauteur maximale de son atelier. La chute des gouttes provoque une projection imparfaite et des éclaboussures qui forment progressivement une tache sombre plus ou moins dilatée. Son diamètre varie en fonction de la durée de l’écoulement (ici 88 minutes), volontairement modifiée d’une toile à l’autre et mentionnée dans le titre de chaque exemplaire. Cette technique d’égouttage qui utilise la toile tendue pour cible engendre également un son de percussion régulier, d’où la référence au tambour.
Le dispositif mis en place renverse l’idée même du tondo de la Renaissance, peinture circulaire notamment destinée à l’ornementation des plafonds de lieux sacrés, afin d’y représenter les cieux. À l’iconographie biblique, mythologique ou profane, Latifa Echakhch privilégie un trou noir, une abstraction expressive issue d’un geste minimal, dans laquelle prime le rapport entre la matière et l’espace. Partant d’une réflexion sur le potentiel des matériaux employés, Latifa Echakhch parvient ici à faire jaillir avec puissance et délicatesse un instant à la fois temporel et infini.
Les Tambours sont en effet le résultat d’un processus technique patient et ingénieux: au centre de toiles circulaires couchées à même le sol, l’artiste fait couler de l’encre de Chine noire au moyen d’un système de goutte-à-goutte depuis la hauteur maximale de son atelier. La chute des gouttes provoque une projection imparfaite et des éclaboussures qui forment progressivement une tache sombre plus ou moins dilatée. Son diamètre varie en fonction de la durée de l’écoulement (ici 88 minutes), volontairement modifiée d’une toile à l’autre et mentionnée dans le titre de chaque exemplaire. Cette technique d’égouttage qui utilise la toile tendue pour cible engendre également un son de percussion régulier, d’où la référence au tambour.
Le dispositif mis en place renverse l’idée même du tondo de la Renaissance, peinture circulaire notamment destinée à l’ornementation des plafonds de lieux sacrés, afin d’y représenter les cieux. À l’iconographie biblique, mythologique ou profane, Latifa Echakhch privilégie un trou noir, une abstraction expressive issue d’un geste minimal, dans laquelle prime le rapport entre la matière et l’espace. Partant d’une réflexion sur le potentiel des matériaux employés, Latifa Echakhch parvient ici à faire jaillir avec puissance et délicatesse un instant à la fois temporel et infini.