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Rémy Zaugg

Une feuille de papier, 1973-1980
crayon, sérigraphie, huile, résine synthétique et papier d'emballage, diptyque
200.0 x 175.0 cm chacun
Bien loin d’une représentation habituelle, ces deux peintures provoquent un questionnement complexe, une quête de sens, qui a pour unique solution une perception subjective propre à chaque spectateur. Œuvre-clé dans le corpus de Rémy Zaugg, Une feuille de papier voit le jour au moment où se cristallise la pensée analytique de son auteur, où il définit sa stratégie artistique en s’éloignant de la reproduction picturale afin d’inventer un langage nouveau.

Dès 1963, Zaugg s’intéresse à l’art de Paul Cézanne, fondateur de la peinture moderne, et plus précisément à son œuvre La Maison du pendu (1873), qu’il va copier durant cinq ans non pas selon des normes académiques, mais suivant une démarche plutôt conceptuelle. Zaugg reproduit la composition de Cézanne de façon singulière à travers une mise en mots des différents éléments formels qui la constituent, agencés en fonction de la place exacte qu’ils occupent dans le tableau original.

Ces fragments de texte, qui noircissent dans un premier temps les pages d’un carnet de croquis, donnent bientôt naissance à une série de peintures de grand format, dont le support, constitué de papier d’emballage et recouvert d’une huile brun clair au ton similaire, devient le titre invariable : Une feuille de papier. Zaugg y fonde son propre concept artistique selon lequel une peinture est à la fois une peinture et une feuille de papier, support habituel de l’écriture, dont il exalte ainsi la matérialité. Ces œuvres proposent une variation infinie autour d’un nouvel espace pictural qui accueille, en caractères d’impression, les premières notes élaborées par l’artiste à partir du tableau de Cézanne.

Seul diptyque de la série, l’exemplaire de la Collection Pictet porte un ajout particulier, la mention d’une «peinture d’après le portrait d’un peintre d’après El Greco de Picasso». Cette évocation de palimpseste crée une mise en abyme caractéristique de l’œuvre de Zaugg, qui n’a de cesse d’interroger ce qui se dissimule et se joue derrière la surface visible des choses.
Rémy Zaugg, Une feuille de papier, 1973-1980