Très au fait des recherches de l’avant-garde française qui privilégie l’expression picturale par la couleur, Giovanni Giacometti découvre l’œuvre de Paul Cézanne en 1907 au Salon d’Automne à Paris et se dit émerveillé par la pureté et la simplicité de sa peinture. Plus tard, en 1915, il écrit : « À Soleure, les Cézanne me font toujours autant d’effet. » Les expérimentations formelles du peintre aixois nourrissent ses propres questionnements autour de la couleur qui sert non seulement à exprimer la lumière mais également à construire la réalité en définissant les volumes et en structurant les objets dans l’espace.
Si Giacometti demeure toujours attaché à la représentation de la nature, il abandonne progressivement toute illusion perspective et tend à synthétiser son langage pictural. L’une des rares natures mortes de son corpus, le tableau Vasi (Vases) paraît presque abstrait au premier regard et ne révèle son sujet qu’après un examen plus attentif.
Dans cette composition au cadrage resserré, exécutée en 1919, l’artiste réalise de manière exemplaire sa recherche de matérialité par la modulation de la couleur sans avoir recours aux moyens traditionnels du dégradé et du modelé. Suivant une logique artistique autonome, la reproduction de la réalité – quelques vases disposés sur une table nappée – repose exclusivement sur la résonance intense des couleurs entre elles et le travail d’une matière picturale épaisse appliquée à la spatule dont la facture expressive tend à la corporalité.
Giacometti utilise ici une palette toujours plus audacieuse, composée de couleurs sourdes, essentiellement secondaires, aux nuances orange, vertes ou violettes. Quelques taches de couleur plus vives animent la sombre monochromie des parties non éclairées aux reflets bleutés, tandis que de sommaires touches claires adroitement distribuées définissent les rehauts de lumière. Avec une remarquable économie de moyens, Giovanni Giacometti parvient à créer une nature morte à l’ambiance visuelle forte, dont la lumineuse obscurité n’est pas sans évoquer les œuvres d’un autre grand maître qu’il vénère, Rembrandt.
Si Giacometti demeure toujours attaché à la représentation de la nature, il abandonne progressivement toute illusion perspective et tend à synthétiser son langage pictural. L’une des rares natures mortes de son corpus, le tableau Vasi (Vases) paraît presque abstrait au premier regard et ne révèle son sujet qu’après un examen plus attentif.
Dans cette composition au cadrage resserré, exécutée en 1919, l’artiste réalise de manière exemplaire sa recherche de matérialité par la modulation de la couleur sans avoir recours aux moyens traditionnels du dégradé et du modelé. Suivant une logique artistique autonome, la reproduction de la réalité – quelques vases disposés sur une table nappée – repose exclusivement sur la résonance intense des couleurs entre elles et le travail d’une matière picturale épaisse appliquée à la spatule dont la facture expressive tend à la corporalité.
Giacometti utilise ici une palette toujours plus audacieuse, composée de couleurs sourdes, essentiellement secondaires, aux nuances orange, vertes ou violettes. Quelques taches de couleur plus vives animent la sombre monochromie des parties non éclairées aux reflets bleutés, tandis que de sommaires touches claires adroitement distribuées définissent les rehauts de lumière. Avec une remarquable économie de moyens, Giovanni Giacometti parvient à créer une nature morte à l’ambiance visuelle forte, dont la lumineuse obscurité n’est pas sans évoquer les œuvres d’un autre grand maître qu’il vénère, Rembrandt.