Sorry, you need to enable JavaScript to visit this website.

Pierre-Louis De la Rive

Vue de l'extrémité orientale du lac Léman avec la nouvelle route du Simplon au pied des montagnes de Saint-Gingolph, 1812
huile sur toile
90.0 x 112.0 cm
Considérée par le peintre lui-même comme « un de [ses] meilleurs tableaux », la Vue de l’extrémité orientale du lac Léman avec la nouvelle route du Simplon au pied des montagnes de Saint-Gingolph est réalisée en 1812 par Pierre-Louis De la Rive, dans les années de la maturité picturale. L’œuvre est acquise avec enthousiasme par le banquier Jean-Gabriel Eynard pour trente louis.

Selon De la Rive, tout paysage doit être parfaitement composé et équilibré. Les lignes posées sur la toile expriment par conséquent son idée d’une beauté classique et tendent à représenter une nature « plus belle que la réalité ». La peinture de Saint-Gingolph offre une composition sereine, dynamisée par les profils de la Dent d’Oche et du Grammont qui dessinent une diagonale qui scinde la toile en deux.

Très attaché au paysage local, le peintre genevois arpente tout d’abord la campagne et en rapporte de nombreux croquis qui lui permettent de construire un tableau idéalisé dans l’atelier. Cette oeuvre rend compte de sa connaissance de la nature et de son souci d’observation, notamment dans le dentelé du feuillage des arbres qui s’accorde aux bouquets de nuages dans le bleu du ciel. Une lueur chaude émane de la gauche du paysage et témoigne de la provision de lumière emmagasinée par De la Rive lors de son séjour italien en 1784-1786.

Lui-même écrit : « La traversée des Apennins me présenta une nature toute neuve, des formes plus douces que le paysage de mon pays, [...] des tons de couleur plus légers, des contrastes moins brusques... ». La découverte du Sud lui permet désormais, avec virtuosité, de faire des campagnes genevoises une Arcadie de rêve.

Saint-Gingolph suscite l’enthousiasme familial à son arrivée, au mois d’avril 1814, au château de Beaulieu-sur-Rolle. En l’absence d’Eynard – secrétaire de la légation genevoise au Congrès de Paris que dirigeait son oncle Charles Pictet de Rochemont – Anna Eynard-Lullin, soeur d’Adolphe Lullin et épouse de Jean-Gabriel depuis 1810, s’était elle-même occupée du transport des toiles à Rolle par l’intermédiaire du camionneur genevois Julliard ; elle relate l’événement à son mari : « Nous avons déballé ce matin les tableaux arrivés en parfait état. Beaumont [Jacob de Beaumont, beau-frère d’Anna Eynard] et [Jacques] Eynard étaient dans une sainte admiration des deux de la Rive. Beaumont disait : “ Le jour de la mort de Mr de la Rive Saint Gingolphe vaudra 6000 f. ; ” celui de Mr Toeppfer [non localisé] perd beaucoup à être vu auprès de ces deux premiers. Il est fade mais il est joli de détails, il est gracieux […]. » ” (Extrait de la monographie de P.-A. Guerreta, p. 457.)
Pierre-Louis De la Rive , Vue de l'extrémité orientale du lac Léman avec la nouvelle route du Simplon au pied des montagnes de Saint-Gingolph, 1812