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Jules Spinatsch

Vienna MMIX - Plan B - Bloc Les Illustres, 2011
120 tirages + 1 diagramme, jet d'encre sur papier fine art
31.5 x 40.0 cm chacun
En automne 2010, Jules Spinatsch présente sur la Karlsplatz de Vienne un panorama photographique du Bal de l’Opéra de Vienne de trente-cinq mètres de long et de trois mètres de haut, installé autour d’une rotonde de 360 degrés. Donnant à première vue l’impression d’être continu, il est en réalité constitué de 17'352 images individuelles que deux caméras de surveillance télécommandées et programmées à l’avance ont capturées tout au long de la soirée (soit de 20 h 32 à 5 h 17 du matin) à intervalles réguliers de trois secondes, dans un mouvement de balayage spatial.

De ce vaste répertoire chronologique de clichés qui retranscrivent l’événement dans ses moindres détails, Spinatsch tire ensuite plusieurs ensembles d’œuvres, comme autant de mosaïques vibrantes de moments éparses. Révélant les charmes festifs de ce grand bal initiatique à l’atmosphère surannée, les 120 fragments photographiques qui composent le Bloc Les Illustres donnent à voir des scènes banales, mais aussi incongrues, et surtout dérobées à l’insu de leurs protagonistes qui, pris sur le vif, se laissent aller aux attitudes les plus décontractées ou les plus espiègles, entre contrôle narcissique de leur apparence et oubli de soi.

Longues robes de satin, nœuds papillon, parures diamantées, costumes d’apparat, chignons gracieux et queues-de-pie s’agitent sur les balcons et s’exposent au milieu des ors, des lustres et des velours du décor fastueux. À d’autres endroits, les invités apparaissent fatigués, las, éreintés de la longue nuit de festivité. Conjointement avec les images entremêlées des équipements techniques de la salle de bal, de ses ornements, de son éclairage, ils composent un scénario hitchcockien au suspens captivant et aux multiples possibilités. À la recherche de bribes de narration, le spectateur devient le voyeur intrusif des coulisses d’un spectacle particulièrement prisé, considéré aujourd’hui encore comme le rendez-vous le plus important des élites autrichiennes. De ce contexte hautement codifié, le projet de Jules Spinatsch révèle une dimension inattendue, lorsque les acteurs tombent les masques et que leurs attitudes se désinhibent.

L’artiste met ainsi en évidence l’omniprésence des instruments censés œuvrer à la sauvegarde de notre sécurité et qui captent chacun de nos mouvements, réduisant drastiquement notre droit à l’isolement et à la discrétion. Les protagonistes du bal composent une vaste fresque de la comédie humaine, où se mêlent jeux de pouvoir et de séduction, les fastes du luxe, le voyeurisme et les obsessions sécuritaires. Intemporelle, elle est à la fois figée dans un passé qui resurgit pour l’occasion et totalement contemporaine dans sa composition éclatée de multiples prises de vue aléatoires, qui rappellent de façon ironique les pixels dont sont aujourd’hui constituées les photographies digitales.
Jules Spinatsch, Vienna MMIX - Plan B - Bloc Les Illustres, Surveillance Panorama Project n. 4; The Vienna Opera Ball - Portrait of a society, 2011
Jules Spinatsch, Vienna MMIX - Plan B - Bloc Les Illustres, Surveillance Panorama Project n. 4; The Vienna Opera Ball - Portrait of a society, 2011
Jules Spinatsch, Vienna MMIX - Plan B - Bloc Les Illustres, Surveillance Panorama Project n. 4; The Vienna Opera Ball - Portrait of a society, 2011