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Jules Spinatsch

1964
Jules Spinatsch interrompt ses études de sociologie à l’Université de Zurich en 1993 pour se consacrer à la photographie. Après l’obtention d’un diplôme à l’International Center of Photography de New York, il réalise divers cycles photographiques, chaque fois menés sur plusieurs années, en mettant progressivement au point une stratégie personnelle, celle de photographier justement ce qui est peu observé, avec un détachement apparent, en multipliant les points de vue, les genres et les techniques.

Qu’elles dévoilent l’envers du décor de l’industrie du tourisme, les dispositifs sécuritaires mis en place lors de réunions globales au sommet ou les coulisses du bal de la grande bourgeoisie viennoise, les images de Jules Spinatsch mettent au jour l’occupation du territoire visuel par des structures de pouvoir – politique, économique ou social. Là où les médias se concentrent sur les acteurs, Spinatsch analyse plutôt les conditions générales, observant volontairement la situation depuis l’extérieur, de façon clandestine. Le résultat sont des clichés inattendus, non spectaculaires, parfois presque anodins, qui s’éloignent de nos habitudes visuelles stéréotypées.

S’intéressant aux modes opératoires de la photographie contemporaine et des nouveaux médias, il a récemment aussi délégué son geste créatif aux hasards des déclenchements automatisés d’un outil préprogrammé, la caméra de surveillance. Capturées à intervalles réguliers et instantanément transmises à l’artiste par voie électronique, ces «données» visuelles mises bout à bout composent ses vastes Surveillance Panoramas qui dévoilent une réalité concrète, sans artifices, sans contrôle ni censure, où se révèlent les véritables modes de fonctionnement de notre société.

Loin de la description documentaire d’un sujet – l’artiste étant lui-même absent de la scène du shooting –, l’œuvre de Spinatsch, entre poncif et expérience subjective, vise à déstabiliser la croyance ingénue d’une représentation réaliste de l’existence. Il nous invite à nous extraire du conformisme ambiant caractéristique de cette ère de saturation médiatique, afin de développer un esprit critique, un regard engagé et surtout notre propre intuition du monde qui nous entoure.