Issue d’une famille de la bourgeoisie de Winterthur, Heidi Bucher se forme à l’École des arts appliqués de Zurich avec Johannes Itten et Max Bill. Elle démarre sa carrière à Zurich comme illustratrice pour le Tages-Anzeiger et commence à exposer ses dessins dans les années 1950. Entre 1969 et 1973, elle part vivre au Canada puis à Los Angeles avec sa famille et expose à de nombreuses reprises avec son mari, Carl Bucher. Dans le cadre de l’une de leurs collaborations, elle produit des vêtements-sculptures surdimensionnés, en mousse et aux allures futuristes (Bodyshells), qu’elle anime lors de performances.
De retour à Zurich en 1974, le couple se sépare et Heidi Bucher se lance dans une démarche artistique personnelle et singulière, faite de mues (Häutungen), qu’elle poursuivra toute sa vie. L’expérience commence sur les murs de son atelier installé dans une ancienne boucherie, où elle applique du latex nacré liquide et de la gaze afin d’obtenir une texture proche d’une peau qui, une fois séchée, lui permet de « déshabiller » l’architecture. La pellicule obtenue aura eu le temps d’être marquée par les arêtes et les moulures du mur ou de la façade dans le détail. Si badigeonner des pièces entières s’apparente au geste du peintre, les dégager de cet enduit tient davantage de la performance, étant donné la force nécessaire pour y arriver et parfois la grandeur des lieux investis, qu’ils soient rattachés à une mémoire personnelle (la maison de son enfance ou celle de ses grands-parents) ou collective (le Grand Hôtel de Brissago).
Dernière étape du travail : Heidi Bucher installe au mur ou dans l’espace ces pans monumentaux de latex pour recréer des architectures souples dans des proportions équivalentes à la réalité. Elle en fait ainsi les témoins d’un rituel de passage, d’une métamorphose, entre mémoire et filiation, comme la libération d’histoires enfermées dans les murs : « Les espaces sont des coquilles, des peaux. Décoller une peau après l’autre, jeter : le refoulé, le négligé, le gaspillé, le raté, l’englouti, l’aplati, le désolé, le perverti, l’édulcoré, l’oublié, le hanté, le blessé », explique-t-elle.
Le travail avant-gardiste de cette artiste active dans le milieu de l’art féministe des seventies a mis du temps à être reconnu à sa juste valeur. Une première exposition personnelle lui rendra hommage dix ans après sa mort, en 2004, au Migros Museum à Zurich.
De retour à Zurich en 1974, le couple se sépare et Heidi Bucher se lance dans une démarche artistique personnelle et singulière, faite de mues (Häutungen), qu’elle poursuivra toute sa vie. L’expérience commence sur les murs de son atelier installé dans une ancienne boucherie, où elle applique du latex nacré liquide et de la gaze afin d’obtenir une texture proche d’une peau qui, une fois séchée, lui permet de « déshabiller » l’architecture. La pellicule obtenue aura eu le temps d’être marquée par les arêtes et les moulures du mur ou de la façade dans le détail. Si badigeonner des pièces entières s’apparente au geste du peintre, les dégager de cet enduit tient davantage de la performance, étant donné la force nécessaire pour y arriver et parfois la grandeur des lieux investis, qu’ils soient rattachés à une mémoire personnelle (la maison de son enfance ou celle de ses grands-parents) ou collective (le Grand Hôtel de Brissago).
Dernière étape du travail : Heidi Bucher installe au mur ou dans l’espace ces pans monumentaux de latex pour recréer des architectures souples dans des proportions équivalentes à la réalité. Elle en fait ainsi les témoins d’un rituel de passage, d’une métamorphose, entre mémoire et filiation, comme la libération d’histoires enfermées dans les murs : « Les espaces sont des coquilles, des peaux. Décoller une peau après l’autre, jeter : le refoulé, le négligé, le gaspillé, le raté, l’englouti, l’aplati, le désolé, le perverti, l’édulcoré, l’oublié, le hanté, le blessé », explique-t-elle.
Le travail avant-gardiste de cette artiste active dans le milieu de l’art féministe des seventies a mis du temps à être reconnu à sa juste valeur. Une première exposition personnelle lui rendra hommage dix ans après sa mort, en 2004, au Migros Museum à Zurich.