Le Valais et le paradis perdu
Édouard Vallet
Marronniers - automne, 1921
Édouard Vallet
Paysan debout, au marché, 1905
Ernest Biéler
Les Tournesols, s.d. (ca 1910)
Ernest Biéler
Paysage de Zambotte, Savièse, ca 1935
Ernest Biéler
Savièse, ca 1920
Édouard Vallet
Les Coquelicots, 1926

À la faveur de l’essor du tourisme de la fin du XIXe siècle et grâce à l’amélioration des transports, quelques artistes suisses, plus particulièrement vaudois et genevois, vont puiser dans le monde alpin les images d’une Suisse vernaculaire. Ils répondent à un élan teinté de nostalgie à l’égard d’un monde rural qui s’étiole et éveille les fantasmes des citadins. Les paysages du Valais offrent une image archétypale et idyllique d’un paradis proto-industriel éloigné des villes, que des peintres comme Édouard Vallet (1876-1929) ou Ernest Biéler (1863-1948) s’attelleront à décrire.

Chez Vallet, c’est tout d’abord l’influence de Ferdinand Hodler qui prédomine. À l’instar d’Hodler, Vallet s’intéresse aux qualités plastiques de la montagne, et notamment sa texture et sa monumentalité. Bannissant le pittoresque, il circonscrit des formes aux contours soulignés qu’il brosse de teintes sombres. Au-delà de l’ascendant du maître, ses peintures se caractérisent par les accents terreux de la palette, la matière épaisse et mate, les différentes couches picturales et l’aspect velouté de l’ensemble.

Ernest Biéler réalise de nombreuses retranscriptions de paysages automnaux de la région de Savièse dont il se plaît à faire renaître l’éclat si particulier par des jeux de transparences et de coloris. Pour traduire les contours délicats de son sujet, Biéler, dès 1905, choisit la tempera, technique qui l’incite à développer un style plus graphique. Cet emploi le rapproche aussi des préoccupations de l’Art nouveau apparu au début du XXe siècle, dont on retrouve certaines caractéristiques dans Paysage de Zambotte, Savièse (ca 1935), comme la linéarité et la stylisation de motifs naturels, ainsi qu’un attrait pour l’artisanat, présent ici à travers le cadre de bois massif conçu par l’artiste.

Le Valais et le paradis perdu